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Depuis la sortie en 2002 du livre collectif Les territoires perdus de la République (éd. Mille et Une Nuits) dirigé par l’historien Georges Bensoussan, s’est répandue auprès d’une partie de la classe politique l’idée d’une France coupée en deux avec d’un côté la France indubitablement respectueuse des valeurs de Marianne et, de l’autre, au sein même des écoles établies sur son territoire, une France en proie à une islamisation galopante, un sexisme exacerbé et un antisémitisme « d’importation », presque endémique.
Cette France-là, vous l’aurez reconnue, c’est celle des quartiers populaires. Même si ses auteurs s’en défendent, le livre Les territoires vivants de la République qui vient de paraître aux éditions de La Découverte, apporte une réponse au premier ouvrage, ou du moins un contrepoint nécessaire qui balaie sur 300 pages les thèmes de la concurrence mémorielle, de l’antisémitisme, de l’homophobie, de l’accès à la culture, de la relation parents-professeurs… S’appuyant sur leurs réussites, enseignants, inspecteurs, CPE et chefs d’établissement prennent la plume et, sans angélisme, rendent compte d’une réalité du terrain moins alarmiste, résolument optimiste.
Substituer le dialogue à l'invective
Car même si certains partagent les constats émis dans Les territoires perdus, comme la difficulté à enseigner la Shoah, la laïcité ou même la Guerre d’Algérie dans certaines classes, leur posture sur ces questions divergent nettement comme le souligne le professeur agrégé et docteur en histoire Benoît Falaize qui a dirigé l’écriture des Territoires vivants: « Les auteurs réunis ici souhaitent, avec énergie, que l’apaisement se substitue à la polémique, le dialogue à l’invective, la compréhension à la dénonciation. »
Il ne s’agit pas de nier les obstacles, au contraire, mais de démontrer qu’il suffit parfois d’entendre ce qui est dit, de dépassionner le débat et, bien sûr, de faire confiance aux enseignants pour inculquer aux citoyens de demain l’acceptation du droit à la différence, lutter contre les préjugés, mais aussi donner le goût de l’échange, socle de notre démocratie. Il n’existe pas de méthode miracle bien que les auteurs insistent sur la prise en considération du simple fait que ces jeunes parfois provocateurs sont avant tout des citoyens français en devenir et que l’école reste le seul lieu où ils peuvent se confronter à des idées nouvelles. C’est justement à l’école que doit s’exercer, dans toute sa complexité, la République, car telle est sa mission.
Loin des discours misérabilistes ou condescendants, ce livre plein d’espoir illustre qu’en chaque élève demeure un territoire de la République qui ne demande qu’à être cultivé.
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